Mon meilleur ami
Dispositif
Dans un entretien accordé à TVOntario en 1977, Éric Rohmer explicite le dispositif commun des Contes moraux. Au début de chacun des 6 films, un homme laisse une femme. Il passe ensuite le reste du film avec une autre femme et revient finalement à la première. Ce dispositif a pour effet de faire prendre au spectateur le parti de la seconde femme, contre le choix du personnage principal qui lui préfère la première restée en marge du film. Plutôt que le contenu de leur méditation, c’est cet antagonisme entre le spectateur et le personnage qui pose le cadre moral des contes.
Double contrainte
Étant établi que l’éboueur vide la poubelle dans le camion et la repose sur le trottoir, comment jeter une poubelle?
Il faut la mettre dans une autre poubelle !
ou bien écrire «à jeter» dessus !
Mais l’évidence pratique de la réponse ne doit pas masquer la complexité théorique de la question. En effet, la poubelle est plus qu’un contenant à déchet, elle est aussi un objet de communication entre le contribuable et l’éboueur. Elle qualifie de déchet ce qu’elle contient, mais ne peut se qualifier elle-même comme déchet, à moins d’être qualifiée comme déchet, soit par une autre poubelle, soit par le recours à un méta-langage (le petit mot «à jeter» qui modifie les règles de la communication).
Ce type de changement de niveau logique peut nous aider à comprendre pourquoi la place dans l’autobus n’est pas instantanément rendue à elle-même aussitôt qu’il n’y a plus contact entre son cuir usé et les fesses de l’usager. Peut-être qu’avant d’être à nouveau disponible, elle doit se réinitialiser. De même que la poubelle ne devient pas déchet sans le recours à une profonde modification de sa nature de poubelle, la place occupée est structurellement modifiée en redevenant libre.
Il faut la mettre dans une autre poubelle !
ou bien écrire «à jeter» dessus !
Mais l’évidence pratique de la réponse ne doit pas masquer la complexité théorique de la question. En effet, la poubelle est plus qu’un contenant à déchet, elle est aussi un objet de communication entre le contribuable et l’éboueur. Elle qualifie de déchet ce qu’elle contient, mais ne peut se qualifier elle-même comme déchet, à moins d’être qualifiée comme déchet, soit par une autre poubelle, soit par le recours à un méta-langage (le petit mot «à jeter» qui modifie les règles de la communication).
Ce type de changement de niveau logique peut nous aider à comprendre pourquoi la place dans l’autobus n’est pas instantanément rendue à elle-même aussitôt qu’il n’y a plus contact entre son cuir usé et les fesses de l’usager. Peut-être qu’avant d’être à nouveau disponible, elle doit se réinitialiser. De même que la poubelle ne devient pas déchet sans le recours à une profonde modification de sa nature de poubelle, la place occupée est structurellement modifiée en redevenant libre.
Laisser un vide
Combien de temps après que l’on s’en soit levé, la place sur laquelle on était assis dans l’autobus est-elle encore la nôtre?
La vie n’a pas de sens mais nous travaillons sans cesse à lui en donner. Cette entreprise quotidienne est sans doute la meilleure façon que nous ayons d’oublier qu’elle (la vie) n’en a pas (de sens). En nous fixant des millions de buts à atteindre, en évoluant de micro-objectifs en grandes satisfactions, nous restons concentrés, afin de ne pas nous écarter d’un grand axe, à la fois précis et nébuleux, qui nous tient lieu de projet biographique. Une grande part de l’écriture de ce projet est consacrée à occuper des places, réelles ou symboliques, on dit aussi des postes, des rôles, des genres, voir des poses. Le type de place sur laquelle j’ai choisi de m’interroger – la place dans l’autobus – est par nature transitoire et anonyme. Elle peut sembler anecdotique, voire négligeable. Elle n’en est pas moins signifiante à mes yeux car elle ouvre sur un type d’espace non conventionnel, insoupçonné.
Il y a des questions qui existent en dehors de l’espace de leur propre réponse, en ce sens qu’elles ne sont pas des « réponses inversées ». La question de la place dans l’autobus est de cette nature : elle donne accès à ce type d’espace – situé entre la question et la réponse – qu’un exercice assidu de la rationalité nous fait parfois traverser trop vite. Attardons-nous : avant d’être rendue à sa vacance initiale, la place qu’on abandonne dans l’autobus semble flotter quelque temps dans une cruciale indétermination. Est-il possible de prélever ce moment de grâce pendant lequel une place n’est à personne, au beau milieu d’un continuum dont les limites seraient la vacance et l’occupation ?
La vie n’a pas de sens mais nous travaillons sans cesse à lui en donner. Cette entreprise quotidienne est sans doute la meilleure façon que nous ayons d’oublier qu’elle (la vie) n’en a pas (de sens). En nous fixant des millions de buts à atteindre, en évoluant de micro-objectifs en grandes satisfactions, nous restons concentrés, afin de ne pas nous écarter d’un grand axe, à la fois précis et nébuleux, qui nous tient lieu de projet biographique. Une grande part de l’écriture de ce projet est consacrée à occuper des places, réelles ou symboliques, on dit aussi des postes, des rôles, des genres, voir des poses. Le type de place sur laquelle j’ai choisi de m’interroger – la place dans l’autobus – est par nature transitoire et anonyme. Elle peut sembler anecdotique, voire négligeable. Elle n’en est pas moins signifiante à mes yeux car elle ouvre sur un type d’espace non conventionnel, insoupçonné.
Il y a des questions qui existent en dehors de l’espace de leur propre réponse, en ce sens qu’elles ne sont pas des « réponses inversées ». La question de la place dans l’autobus est de cette nature : elle donne accès à ce type d’espace – situé entre la question et la réponse – qu’un exercice assidu de la rationalité nous fait parfois traverser trop vite. Attardons-nous : avant d’être rendue à sa vacance initiale, la place qu’on abandonne dans l’autobus semble flotter quelque temps dans une cruciale indétermination. Est-il possible de prélever ce moment de grâce pendant lequel une place n’est à personne, au beau milieu d’un continuum dont les limites seraient la vacance et l’occupation ?
Buren
Les drapeaux de Buren
C'est nous qui les tissaine
Les drapeaux de Buren
C'est nous qui les tissons
Tissons, tissons
Les drapeaux de Buren
Tissons, tissons
Les drapeaux de Buron
Les drapeaux de Buren
C'est nous qui les livraine
Les drapeaux de Buren
C'est nous qui les livrons
Livrons, livrons
Les drapeaux de Buren
Livrons, livrons
Les drapeaux de Buron
Les drapeaux de Buren
C'est nous qui les hissaine
Les drapeaux de Buren
C'est nous qui les hissons
Hissons, hissons
Les drapeaux de Buren
Hissons, hissons
Les drapeaux de Buron
Les drapeaux de Buren
C'est nous qui les carguaine
Les drapeaux de Buren
C'est nous qui les carguons
Carguons, carguons
Les drapeaux de Buren
Carguons, carguons
Les drapeaux de Buron
Les drapeaux de Buren
C'est nous qui les rompaine
Les drapeaux de Buren
C'est nous qui les rompons
Rompons, rompons
Les drapeaux de Buren
Rompons, rompons
Les drapeaux de Buron
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