Des poils et des mouches


Dans Magical Maestro, un dessin animé réalisé par Tex Avery en 1952, le personnage du chanteur Poochini s’interrompt quelques instants pour arracher un poil coincé dans la fenêtre du projecteur. Ce poil fictif me fait penser au procédé des mouches que certains peintres de la renaissance ont utilisé pour marquer un point d’entrée du regard ou un un élément signifiant du tableau. Daniel Arrasse a montré comment ces mouches créaient une sorte d’espace transitionnel entre l’espace de la peinture et celui du spectateur. Le cheveu de Tex Avery, à l’instar des mouches de la renaissance est à la fois dans l’espace du film et dans celui du spectateur, il crée cette zone jubilatoire ou le contrat narratif passé entre le film et le spectateur change de niveau cognitif. Quand Poochini jette le poil en dehors du cadre, on renoue aussitôt avec l’illusion réaliste du film (si on peut parler de réalisme à propos de Tex Avery), mais comme on revient à l’horizontale après un looping, ébouriffé et content (enfin j’imagine).


Petrus Christus, Portrait de moine chartreux (détail), 1446, Metropolitan Museum of Art, New York.

Mauvaise foi



Si je vois une photo de Woody Allen avec écrit dessous Georges Perec, mes yeux qui reconnaissent Woody Allen veulent aller dans une direction, mais mes mêmes yeux qui lisent Georges Perec s’en vont dans une autre. Au-delà du comique inhérent à tout strabisme, cette disjonction texte-image peut être utilisée volontairement pour créer une situation perverse et signifiante. Cette méthode de travail s’apparente à la mauvaise foi.

Signalétique assourdie

Plis


Nous y voilà (21)


In La forge de Neptune de Grégoire Carlé, Lapin n˚39 p. 190