L’empreinte

Un article de Libération relate l’arrestation d’une femme après qu’elle eût vandalisé une toile de Cy Twombly exposée dans une salle du Musée d’art contemporain d’Avignon. L’œuvre est un grand monochrome blanc sur lequel la contrevenante a déposé l’empreinte de sa bouche, au préalable enduite de rouge à lèvres. Le journaliste cite ensuite le directeur de la collection, navré, qui précise que le mélange de gras et de pigments des cosmétiques est ce qu’il y a de plus difficile à rénover.
Ce fait divers prend à contre-pied le cliché de l’angoisse de la page blanche, et renvoie plutôt à ce que l’on pourrait appeler l’ivresse de la page blanche, devant laquelle chacun devient auteur potentiel pourvu qu’il y dépose sa marque. L’auteure du baiser abonde en ce sens quand elle déclare à la police que «l’artiste a laissé ce blanc» pour elle.

Signalétiques silencieuses


Il est rare d’avoir, sur le coup, la conscience de l’importance d’une première fois qui va peut-être changer le cours de notre existence. Cette conscience ne peut être que rétrospective.
Il en va de même des dernières fois qui la plupart du temps nous échappent ; la dernière fois qu’on a vu quelqu’un qu’on ne reverra plus ; qu’on s’est rendu à un endroit avant un déménagement, etc. Cette inconscience de ce qui est en train de nous arriver est comparable au nécessaire déséquilibre du corps entre chaque pas. On oublie le culot qu’il faut à l’enfant pour se lancer dans le vide la première fois – et les suivantes – avant que la marche ne devienne une action tout à fait inconsciente, c’est à dire possible. J’imagine un réseau de signalétiques silencieuses qui soutiennent nos intuitions, nous permettent d’agir et de braver nos inhibitions, malgré le bavardage incessant des certitudes.

La réserve





Exposition du 7 juillet au 5 août.
Dans le parc sans nom entre Clark et St-Laurent, sous le viaduc Rosemont.

Chercher une place


Sur l’affiche de l’expo, il n’y avait pas de nom. Seulement une question et des coordonnées.
En la dessinant ainsi j’imaginais une sorte de teasing anonyme pour faire le lien entre le projet du parc sans nom et sa question initiale. L’imprimeur de l’affiche s’est joint à mon effort pour faire ce lien, mais il a dû me juger trop peu explicite. Il n’a donc pas hésité à inscrire son propre nom directement sur l’affiche (sous le bras du personnage de droite). Il réalise ainsi à mon insu un joli coup double en un seul geste, confirmant qu’une place vide ne la reste jamais très longtemps et que le nom qu’on porte (ou qu’on se donne) est bien le premier lieu qu’on habite.

Nous y voilà (1)


In Chihuahua pearl, de Charlier et Giraud.

Ibid

In La longue marche, de Charlier et Giraud.

In Angel face, de Charlier et Giraud.