On croit rêver en découvrant la photo de une du quotidien le Devoir ce matin qui illustre un article consacré au projet de durcissement du code criminel canadien «sanctionnant les meurtres, les fusillades et les voies de fait graves liés au crime organisé». Que voit-on sur cette photo? Un visage en très gros plan, masqué derrière un foulard et recouvert d'un capuchon. Seul perce le regard en coin du personnage. Le lecteur ainsi dévisagé ne peut pas ne pas remarquer la peau noire de ce visage inquiétant. Cette photo nous renseigne peu sur la réalité de la criminalité au Québec, mais beaucoup sur l'effet spectaculaire souhaité par le quotidien de référence (sic) québécois.
Cette photo est ce qu'on appelle une «photo d'illustration». C'est à dire qu'il est très vraisemblable (qu'on me contredise) que le jeune homme que l'on voit sur le cliché n'a pas été photographié lors d'un règlement de compte entre deux bandes rivales, mais au cours d'une séance de pose dans le studio du photographe. La photo ne correspond donc pas à une quelconque réalité si ce n'est à celle des pénibles représentations mentales du photographe et de ses non moins pénibles efforts de mise en scène. Car c'est bien de cela dont il s'agit. Une mise en scène dont tous les éléments qui la composent ont été choisis, agencés, non pas pour rendre compte de la réalité du crime au Québec telle qu'elle est, mais telle que le photographe du Devoir l'imagine : un visage noir, masqué, menaçant.
Comme tous les illustrateurs, je sais que quand je dessine un visage blanc je ne parle pas de sa couleur, mais que quand je dessine un visage noir, cette couleur est liée à une intention. Pour le dire autrement, un bonhomme blanc est un bonhomme quelconque alors qu'un bonhomme noir est un bonhomme de couleur. (J'imagine qu'un dessinateur africain pourrait dire exactement la même chose sur sa pratique, en inversant les couleurs).
Au mieux la rédaction du Devoir ignore cet axiome élémentaire et on se contentera ici de le lui rappeler. Au pire cette photo a été réalisée à dessein et elle démontre que le message de la commission Bouchard-Taylor aux journalistes, sur leur rôle de boute-feu dans la crise des accommodements raisonnables, et la représentation démagogique donnée des immigrants est restée lettre morte.
Cette photo est ce qu'on appelle une «photo d'illustration». C'est à dire qu'il est très vraisemblable (qu'on me contredise) que le jeune homme que l'on voit sur le cliché n'a pas été photographié lors d'un règlement de compte entre deux bandes rivales, mais au cours d'une séance de pose dans le studio du photographe. La photo ne correspond donc pas à une quelconque réalité si ce n'est à celle des pénibles représentations mentales du photographe et de ses non moins pénibles efforts de mise en scène. Car c'est bien de cela dont il s'agit. Une mise en scène dont tous les éléments qui la composent ont été choisis, agencés, non pas pour rendre compte de la réalité du crime au Québec telle qu'elle est, mais telle que le photographe du Devoir l'imagine : un visage noir, masqué, menaçant.
Comme tous les illustrateurs, je sais que quand je dessine un visage blanc je ne parle pas de sa couleur, mais que quand je dessine un visage noir, cette couleur est liée à une intention. Pour le dire autrement, un bonhomme blanc est un bonhomme quelconque alors qu'un bonhomme noir est un bonhomme de couleur. (J'imagine qu'un dessinateur africain pourrait dire exactement la même chose sur sa pratique, en inversant les couleurs).
Au mieux la rédaction du Devoir ignore cet axiome élémentaire et on se contentera ici de le lui rappeler. Au pire cette photo a été réalisée à dessein et elle démontre que le message de la commission Bouchard-Taylor aux journalistes, sur leur rôle de boute-feu dans la crise des accommodements raisonnables, et la représentation démagogique donnée des immigrants est restée lettre morte.