Signalétiques silencieuses


Il est rare d’avoir, sur le coup, la conscience de l’importance d’une première fois qui va peut-être changer le cours de notre existence. Cette conscience ne peut être que rétrospective.
Il en va de même des dernières fois qui la plupart du temps nous échappent ; la dernière fois qu’on a vu quelqu’un qu’on ne reverra plus ; qu’on s’est rendu à un endroit avant un déménagement, etc. Cette inconscience de ce qui est en train de nous arriver est comparable au nécessaire déséquilibre du corps entre chaque pas. On oublie le culot qu’il faut à l’enfant pour se lancer dans le vide la première fois – et les suivantes – avant que la marche ne devienne une action tout à fait inconsciente, c’est à dire possible. J’imagine un réseau de signalétiques silencieuses qui soutiennent nos intuitions, nous permettent d’agir et de braver nos inhibitions, malgré le bavardage incessant des certitudes.