L’empreinte

Un article de Libération relate l’arrestation d’une femme après qu’elle eût vandalisé une toile de Cy Twombly exposée dans une salle du Musée d’art contemporain d’Avignon. L’œuvre est un grand monochrome blanc sur lequel la contrevenante a déposé l’empreinte de sa bouche, au préalable enduite de rouge à lèvres. Le journaliste cite ensuite le directeur de la collection, navré, qui précise que le mélange de gras et de pigments des cosmétiques est ce qu’il y a de plus difficile à rénover.
Ce fait divers prend à contre-pied le cliché de l’angoisse de la page blanche, et renvoie plutôt à ce que l’on pourrait appeler l’ivresse de la page blanche, devant laquelle chacun devient auteur potentiel pourvu qu’il y dépose sa marque. L’auteure du baiser abonde en ce sens quand elle déclare à la police que «l’artiste a laissé ce blanc» pour elle.