Photo d'illustration



On croit rêver en découvrant la photo de une du quotidien le Devoir ce matin qui illustre un article consacré au projet de durcissement du code criminel canadien «sanctionnant les meurtres, les fusillades et les voies de fait graves liés au crime organisé». Que voit-on sur cette photo? Un visage en très gros plan, masqué derrière un foulard et recouvert d'un capuchon. Seul perce le regard en coin du personnage. Le lecteur ainsi dévisagé ne peut pas ne pas remarquer la peau noire de ce visage inquiétant. Cette photo nous renseigne peu sur la réalité de la criminalité au Québec, mais beaucoup sur l'effet spectaculaire souhaité par le quotidien de référence (sic) québécois.

Cette photo est ce qu'on appelle une «photo d'illustration». C'est à dire qu'il est très vraisemblable (qu'on me contredise) que le jeune homme que l'on voit sur le cliché n'a pas été photographié lors d'un règlement de compte entre deux bandes rivales, mais au cours d'une séance de pose dans le studio du photographe. La photo ne correspond donc pas à une quelconque réalité si ce n'est à celle des pénibles représentations mentales du photographe et de ses non moins pénibles efforts de mise en scène. Car c'est bien de cela dont il s'agit. Une mise en scène dont tous les éléments qui la composent ont été choisis, agencés, non pas pour rendre compte de la réalité du crime au Québec telle qu'elle est, mais telle que le photographe du Devoir l'imagine : un visage noir, masqué, menaçant.

Comme tous les illustrateurs, je sais que quand je dessine un visage blanc je ne parle pas de sa couleur, mais que quand je dessine un visage noir, cette couleur est liée à une intention. Pour le dire autrement, un bonhomme blanc est un bonhomme quelconque alors qu'un bonhomme noir est un bonhomme de couleur. (J'imagine qu'un dessinateur africain pourrait dire exactement la même chose sur sa pratique, en inversant les couleurs).

Au mieux la rédaction du Devoir ignore cet axiome élémentaire et on se contentera ici de le lui rappeler. Au pire cette photo a été réalisée à dessein et elle démontre que le message de la commission Bouchard-Taylor aux journalistes, sur leur rôle de boute-feu dans la crise des accommodements raisonnables, et la représentation démagogique donnée des immigrants est restée lettre morte.

Nous y voilà (15)


In Les enquêtes de Théo Toutou, La nuit du bombeur fou, de Yvan Pommaux p11

Collisions

En ce début de février 2009, deux collisions qualifiées de «première mondiale» se sont déroulées aux confins de notre monde d'humain; la première dans le vide des profondeurs abyssales et la seconde dans le silence des hauteurs sidérales.

La première de ces collisions met en vedette deux sous-marins nucléaires, respectivement français (Triomphant) et anglais (HMS Vanguard).

La seconde concerne un satellite commercial américain (Iridium-33) et un appareil cosmique militaire russe (Cosmos-2251).

Avis


Le collectif SIGNÉ TURCOT propose à toute personne intéressée, un petit jeu créatif autour de la problématique soulevée par la destruction et la reconstruction de l'échangeur Turcot à Montréal. À partir des éléments collectés, le collectif éditera une série de cartes postales qui seront distribuées gratuitement dans des lieux publics, sympathiques et fréquentés. Les contributions pourront prendre l'une ou l'autre des formes suivantes (ou les deux):
~ Un texte contenant 3 points et/ou l'échangeur Turcot.
~ Un dessin contenant 15 structures et/ou 12 bretelles et/ou 170 000 m3 de béton et/ou 19 000 tonnes d'acier. Il sera d'une hauteur moyenne de 18 m mais culminera à 30 m. 280 000 véhicules l'emprunteront tous les jours. Par ailleurs votre dessin devra rentrer dans un format de 4' x 6' et pourra être imprimé en Noir + une couleur.

Les contributions devront être postées avant le vendredi 13 mars à signeturcot@gmail.com
Merci de faire suivre cet avis auprès des personnes intéressées!

Utopie

Au moment du passage de l'Europe à la Monnaie unique, quand il a fallu dessiner les billets d'Euro, la question s'est posée : que représenter ? Les instances de l'époque ont devancé toute contestation nationaliste potentielle en imaginant des portes et des ponts «de style européen» qui toutes ont la particularité de ... ne pas exister. La vulgate anti-européenne s'est aussitôt emparée du symbole pour brocarder, preuve à l'appui, la vacuité de ce projet d'union faisant fi de toute réalité historique, jusque dans la matérialité même de ses édifices. À l'époque j'avais aussi regretté qu'on se prive des formes de son architecture réelle pour représenter l'Europe sans frontière.
En y repensant aujourd'hui, je me demande si un pont «réel» l'est vraiment plus que ceux dessinés sur les billets d'Euro. Les pierres des premiers sont-elles plus réelles que l'encre qui a servi à tracer le dessin des seconds ? Je crois que ce renoncement au référent historique est un geste bien plus fort qu'il n'y paraît. Les ponts et les portes génériques des billets européens n'incluent ni n'excluent personne. Leur irréalité affirmative a quelque chose d'utopique qui semble faire un pied de nez aux chimères de l'alter-monde.

Asymétrie

La plupart des animaux, comme les humains, ont une forme symétrique. Quand ce n'est pas le cas, ça fait toujours un peu bizarre (la même étrangeté que devant les captcha). Notre raison cherche à remettre tout ça d'aplomb et nous avons du mal à nous rendre à l'évidence de ces formes qui ont pourtant surement pour elle les impérieuses exigences de l'évolution.


Nous y voilà (14)


In Commissaire Toumi d'Anouk Ricard, p.27
(Merci Julie, du dernier kilomètre.)

Palo Alto


Merci à Elitza pour le modèle