L'angoisse de Donald


Donald a fait une bourde et il a très peur de la réaction de son oncle (Picsou). Aussi quand le téléphone sonne est-il tétanisé, incapable de répondre. Un de ses neveux essaye de le rassurer : le combiné est resté posé sur le téléphone ; si cela avait été l’oncle, il se serait soulevé dans les airs au dessus de son socle, en vociférant à l’excès.

On peut faire de ce gag, lu dans Picsou magazine il y a environ 25 ans, une lecture rétrospective. Ce qui n’était pas possible alors (savoir qui est au bout du fil sans décrocher) est devenu une fonction essentielle, bien qu’optionnelle, des téléphones contemporains. Désormais, au son du timbre un nom s’affiche.

Il y a cependant quelque chose dans l’angoisse de Donald qui échappe à cette lecture anachronique. La sonnerie du téléphone comprime la quantité vertigineuse de toutes les ignorances du canard dans un monde possible devenu dès lors minuscule. La certitude du neveu, elle, s'offre un monde infini au delà des limites du plausible (« si cela avait été l’oncle, le combiné se serait soulevé dans les airs au dessus de son socle »).

L’absence de gestuelle du téléphone donne un renseignement formel : ce n’est pas l’oncle Picsou qui appelle.

Mais alors qui ?