Communiqué

La Réserve est une installation de Clément de Gaulejac conçue à partir de l’histoire particulière d’un parc laissé sans affectation par la ville de Montréal. Ne sachant pas quoi faire, on avait décidé de ne rien décider et de laisser blanc cet espace sur le plan. Pour que cette décision par défaut ne soit pas modifiée par l’usage, on entoura le terrain d’une clôture pour en interdire l’accès. En s’y installant en 2006, Dare-dare ouvre la clôture et se dote d’une cartographie au libellé intrigant : «situé dans un parc sans nom». Clément de Gaulejac décide de s’inscrire dans cette histoire en imaginant un dispositif par lequel ce parc sans nom devient Le parc sans nom.
Deux carrés
Une structure, installée au seuil du parc, emprunte à la ville de Montréal les deux carrés, l’un rouge et l’autre gris, qui désignent habituellement ce qui relève de son équipement (piscines, arénas, écoles, parcs, etc.). Mais cette citation de la signalétique municipale s’en distingue singulièrement ; les deux carrés sont ici privés de toute inscription : aucun logo, aucun nom ne vient préciser la désignation. Cette enseigne silencieuse inscrit dans l’espace le caractère «a-nomimal» du parc. Elle donne place à une absence et permet de figurer le vide, sinon de le faire.
Nous y voilà
Une valise, mobile et transparente, vient compléter ce dispositif. En son sein brille un néon qui dit qu’un cheminement est arrivé à son terme : nous y voilà. À la présence en creux d’un lieu sans nom, répond l’intégrité d’une présence qui s’affirme sans ancrage spécifique, un nom sans lieu. Ce mot-valise qui peut se poser n’importe où, détermine son propre contexte, à l’inverse du «vous-êtes-ici» des plans dont on ne peut comprendre le sens qu’en se référant à son contexte. Nous y voilà parce que nous avons projeté d’y être.

Le travail de Clément de Gaulejac s’inscrit dans une filiation du projet conceptuel dont il revisite les acquis formels en les articulant avec des préoccupations issues «du réel le plus platement réel». Ses projets installent un va-et-vient entre l’observation minutieuse du quotidien et une recherche formaliste sur le langage et les fondements de la communication. Cette dialectique a pour effet de déplacer doucement certaines règles du jeu.